Question banale

[Alain]

Je me demandais (surtout pour ceux qui jouent bien du stick)...après combien d'années vous êtes-vous senti bien sur cet instrument? Je surligne surtout le fait d'être à l'aise, d'avoir compris l'indépendance des mains, de jouer sans se triturer l'esprit au point de penser que c'était impossible à réaliser...bref à vous sentir très à l'aise sur l'instrument.

Je sais bien que chacun a sa petite histoire mais ce serait intéressant de voir où le changement s'est réalisé et qu'enfin un de vous a réalisé...tiens donc, j'ai fait un grand pas ce mois-ci, cette année-ci, etc...

Merci des réponses

[grozeil]

Personnellement, j'ai commencé à vraiment m'amuser après 8 ans je pense (et je dois en être à 12 ans) mais, parce qu'il y a des mais...
J'ai bossé la technique pure pendant 3-4 ans, assez assidument, et c'était assez rébarbatif et pas vraiment fun.
Je m'amuse maintenant, mais c'est, en ce qui me concerne, un instrument où tu découvres sans cesse tes limites, et il y a toujours un truc à travailler, à retravailler ou à améliorer. Pour moi, j'ai l'impression que c'est sans fin, et il y a des gros moments de doute, comme en ce moment
Je sais que je n'arrêterai pas, car je sais qu'à un moment je le regretterai, mais c'est pas l'envie de tout envoyer valdinguer qui me manque. En général, durant ces périodes là, je stoppe net ou je travaille la technique ou l'indépendance pure et dure, genre des trucs bêtes et méchants. Et l'envie de faire de la musique reprend à un moment le dessus. D'une manière générale, il y a une courbe de croissance dans mon apprentissage, une pente légèrement ascendante, mais avec de gros creux, de gros accidents de temps en temps. Sais pas si c'est très clair ce que je raconte.
Autre chose : en ce qui me concerne, je prends de plus en plus de plaisir à écrire mes propres idées ou compos, j'ai de plus en plus de mal à faire des reprises, ce qui globalement m'ennuie (mais je respecte tout à fait le fait que ce délire convienne à d'autres, et j'aime bien écouter ça chez les autres d'ailleurs).

Putain d'instrument.

[bruno pitch]

Voilà un sujet très intéressant où chacun aura beaucoup à dire je pense,
pour ma part j'ai commencé le stick en 2004, mais il m'est difficile de dire à partir de quand je me suis senti à l'aise,
car en réalité comme le dit Bruno, il y a toujours de nouvelles choses à découvrir et plus on avance, plus on prend conscience d'avoir des limites, mais c'est ce qui donne aussi envie de progresser.

Je pense que ça dépend du contexte ; je peut être à l'aise lorsque je joue un titre que j'ai répété pendant des heures, mais je peux aussi être complètement à la rue au cours d'un jam avec d'autres musiciens si j'essaye de sortir de mes plans ou vocabulaire habituels.
En tout cas je n'ai vraiment pas l'impression de maitriser l'instrument, et je ne sais pas si ça arrivera un jour.
Ce qui est sur c'est que la pratique du stick m'a ouvert d'autres portes : cette année je me suis mis à la batterie et au clavier, alors que ça m'aurait paru inconcevable du temps où j'étais guitariste.
Par contre je ne pense pas que le Stick soit un instrument plus 'difficile' par rapport aux autres instruments à cordes,
le difficulté dépend uniquement de l'objectif visé, non de l'instrument.

A ce sujet il est très enrichissant de lire les articles écrits par Steve Vai sur son site où décrits dans ses masterclasses,
ça vision de la pratique instrumentale prend en compte avant tout l'individu :
Il faut se fixer des objectifs (commencer par des choses simples), s'imaginer en train de les faire,
entendre ce que l'on souhaite obtenir avant de l'avoir joué.
Essayer d'exprimer sa personnalité plutôt que d'essayer de mimer se que font nos idoles,
travailler le son d'une simple note, la faire vivre.
Repérer un défaut dans son jeu, et parfois il est mieux de le mettre en valeur plutôt que d'essayer de le dissimuler, le défaut devient alors une marque de fabrique.
Nous avons l'avantage à notre époque d'avoir accès à des million de vidéos sur le net, il n'a jamais été aussi facile de trouver des plans à bosser, de voir comment font les grands, mais je pense qu'il faut un moment donné faire abstraction de tout ça, et essayer de trouver sa propre voie, peu importe qu'on maitrise ou pas tel ou tel technique, ce qui compte à mon sens c'est de se faire plaisir, et d'arriver a exprimer notre personnalité.

Donc en conclusion : parfois je me à l'aise, parfois pas du tout.

[bruno pitch]

Donc en conclusion : parfois je me à l'aise, parfois pas du tout.

je voulais dire : parfois je me sens à l'aise.

[Alain]

Je ne m'attendais pas d'avoir de si pertinents commentaires. Ça fait du bien au moral car moi aussi je passe par mes jours de déception. J'aurais vraiment aimé commencer plus jeune car j'ai vu pour la première fois cet instrument au milieu des années '70. Je pense que c'était à l'époque lors d'une émission de fin de soirée...peut-être Saturday Night Live ou quelque chose du genre. Déjà que je considérais avoir commencé la guitare un peu sur le tard (à 17 ans), je bossais comme un fou pour m'améliorer et surtout trouver des contrats pour payer les choses de base...loyer, bouffe, etc...on connaît tous ça.

Aujourd'hui, rendu à 61 ans, la volonté y est mais le découragement l'accompagne aussi...lol...j'essaie de rire de moi un peu car je ne serai jamais un virtuose du stick. C'est effectivement un instrument qu'il faut bosser quotidiennement et fouiller un peu partout sur ce qui se fait dans le domaine. Et, en même temps, j'essaie de le voir comme cet instrument qui va m'accompagner pour le reste de mes jours et me faire tripper d'une façon différente. Je ne dis pas que je n'ai plus rien à apprendre sur la guitare mais j'ai fait le tour du jardin plusieurs fois...alors que sur le stick je redécouvre mes débuts laborieux et le temps où je passais tout mon temps à la recherche pure de l'apprentissage. Je fais donc le tout sans pression aucune et tant mieux s'il y a de petits progrès quotidien.

Et comme toi Bruno, depuis quelques années, je me suis mis à toucher d'autres instruments...juste pour le plaisir de la chose...violoncelle, piano, Kelstone, guitare fretless...c'est l'exploration qui m'intéresse dans tout ça, revivre ma période où j'en savais un peu moins (lol) et piocher pour trouver...un peu maso, hein?

Merci de vos commentaires...enrichissants...

[Olvétique]

Bonne question!

Complètement d'accord avec Bruno qui cite Steve Vai

Il faut se fixer des objectifs (commencer par des choses simples), s'imaginer en train de les faire, essayer d'exprimer sa personnalité plutôt que d'essayer de mimer ce que font nos idoles, travailler le son d'une simple note, la faire vivre.

Perso, j'ai d'abord passé 8 ans à bosser parallèlement technique (à 4 doigts de la main droite) et chansons des Beatles de façon monomaniaque. Et puis j'en ai eu ras le bol des instrumentaux, surtout parce que tant d'autres stickistes ne font que ça et que les virtuoses te démoralisent gravissime.

Alors je me suis mis à chanter pour camoufler le fait que je ne suis pas un très bon instrumentiste. Au fait, vaut-il mieux être instrumentiste ou musicien? Un instrumentiste est-il forcément un musicien? Et vice versa?

Et puis après 2 ans à chanter dans ma chambrette, (et à jouer à 3 doigts de la main droite) j'ai commencé à jouer en public et je dois dire que ça change la vie et la façon de bosser.

Maintenant ça fait 2 ans que je joue régulièrement en public et une année que je joue avec un batteur (mon fiston).

Eh bien, il y a des soirs et des scènes où je me sens à l'aise, mais la plupart du temps faut s'accrocher pour pas merder.

C'est pour ça que je ne fais pas des choses compliquées et que j'essaie d'assurer.

Actuellement, je plafonne un peu mais je vois assez précisément ce que je dois bosser. Je continue à raison d'une à deux heures par jour, tous les jours (des fois ça gave un peu, j'avoue).

Amitiés de l'Helvète underground

O.

[grozeil]

Pas plus de retours?

[Catbasse]

Moi un peu comme Olive, naturellement je me suis mis a m'accompagner au Stick (un peu comme un Piano / Voix) et donc très vite à sortir du concept infernal du " Stickiste virtuose heroe "
Me retrouvant dans le rôle de mon propre accompagnateur (avec quelques chorus de temps en temps !!!) je me suis concentré sur des choses simples (mais finalement fondamental) le son, le groove, la précision, l'harmonie ........
J'ai toujours du mal à travailler la technique pure (en fait je n'y arrive pas)
Je travaille la technique toujours en fonction d'une musique, d'un besoin précis. De temps en temps je chope des exercices de technique genre Greg et § , je les travaille une demi heure mais je n'arrive absolument pas à les dissocier de la musique. J'essaye de trouver assez vite le concept proposé et de l'appliquer sur un morceau et là je peux le travailler des heures. Mais pour moi pour pouvoir travailler il faut que " ça sonne "
Et petit à petit, années après années je me suis rendu compte que je me forgeais ma propre technique, qui il est vrai s'inspire beaucoup de celle de Greg (hand mouvement et autre) mais ça m'a correspondu de manière naturelle et spontanée. Et donc au travers de ma technique développer mon propre style. Et maintenant à bientôt 52 ans j'ai le sentiment que je joue tel que je suis, je propose une musique, un mood, une émotion, ça plait, ça touche ou pas mais c'est moi et cela me permet de continuer ma route sans tout remettre en question toutes les 5 minutes (comme on l'a tous fait.
Voilà je fais le "Kéké" mais ça n’empêche pas certains jours des doutes, mais de moins en moins.
Et même maintenant quand je me retrouve dans un contexte instrumental je propose ce que je peux assumer.
Et quand ça marche on se rends compte que la musique ce n'est pas si compliqué.
Etre en place, être juste, avec le son, être placé musicalement et physiquement et roule ma poule.
Un dernier truc, j'ai passé 25 ans à travailler sur des compositions originales (des musiciens avec qui je travaillais ou les miennes) et depuis quelques années je me suis mis à travailler pour la première fois des reprises.
Claude Nougaro pour la chanson française, et les Beatles pour la Pop. Et plus je les travaille, plus je rentre dans leur univers, leurs compositions, leurs arrangements plus je m'éclate et pour l'instant la composition ne me manque absolument pas.
Mais ça correspond à des périodes de vie et je sais que bientôt, surtout quand j'aurai le studio opérationnel à la maison je m'y remettrai.
Allez j’arrête là et je tends le micro au prochain intervenant.
Schussssssssss

[Sarqueboute]

Passionnant, merci.

[grozeil]

Allez, d'autres réflexions pêle-mêle par rapport à tout ce qui s'est dit :

1. Déjà, ne pas se fixer un but précis complètement disproportionné par rapport à ses capacités, genre je sais pas moi, "sortir un disque au bout de 3 ans" ou un truc du genre. Là, c'est frustration garantie au bout du compte. Combien de joueurs ont débuté sur l'instrument en ayant ce type de prétentions et se sont démotivés aussi vite qu'ils avaient dégaîné la carte bleue pour se payer leur instrument...

2. Une autre source de frustration, c'est la course à l'épate un peu inévitable j'ai l'impression quand on démarre l'instrument. Comme le dit Bruno, autant on peut se sentir à l'aise sur nos plans, sur ce qu'on a bossé (y'a pas de secret en même temps...), autant on peut être super frustré au cours d'une jam où on veut faire le show et au final merder magistralement. L'écueil sur lequel beaucoup échoue, et j'en suis, c'est d'avoir un discours genre "regardez l'instrument incroyable que je joue, je fais la basse, la guitare et je mouds le café en même temps". C'est épatant pour le public 5 minutes, mais à moins de s'appeler Greg Howard, ça tient pas plus dans le temps et ça gave tout le monde.

3. Personnellement, j'ai travaillé la technique au début pour m'assurer des bases, mais maintenant, je comble mes nombreuses lacunes de la même manière qu'Olivier (si j'ai bien compris), à savoir que je travaille un point technique à l'occasion de l'apprentissage d'un titre. Finalement, ça permet de travailler de manière plus ludique, sans y penser vraiment et personnellement, je ne peux faire que ça, à mon âge (j'ai bien assimilé le fait que je ne serai jamais un musicien qui gagnerait sa vie en faisant de la musique). Hors de question de bosser les sextolets à 67 bpm, puis à 69, puis à 71, si y'a pas quelque chose à la clé.

4. En ce qui concerne le travail pur et dur sur l'instrument, j'ai souvent ignoré les conseils de mes profs par rapport à l'usage du métronome ou d'un accompagnateur rythmique quelconque, par flemme et puis aussi parce que je ne voulais pas voir mes défauts majeurs (une absence de sens rythmique assez confondante). Là, j'ai assez récemment décidé de travailler ce point là, en jouant systématiquement avec un guide rythmique, en m'enregistrant, et en divisant carrément le tempo par deux pour les passages que je n'arrive pas à... passer, histoire de bien décomposer les gestes et comprendre le débit. Jusqu'alors, je me satisfaisais d'approximations, et je sens bien que je ne peux plus faire l'économie de ça maintenant.

Un truc super positif par rapport à cet instrument : j'ai l'impression que je suis devenu meilleur musicien, que je comprends mieux plein de choses sur le rythme, l'harmonie etc... Et puis, le truc aussi qui me fait délirer avec le Stick, c'est que tout reste à faire et c'est à la fois abyssal et super exaltant. On en a sûrement discuté ici, mais personnellement, même si j'aime et suis certains stickistes assidûment (je vais pas faire encore une fois la liste, mais y'en a pas beaucoup), aucun n'a encore proposé ce que je veux entendre et du coup, ça laisse une belle marge de manoeuvre pour travailler son style et son univers, contrairement, au hasard, aux guitaristes qui sont sur un marché concurrentiel assez

Suivants!

PS : en relisant le premier post, je m'aperçois que la question était destinée aux bons joueurs
Je m'inclus pas dans le lot évidemment. Mais j'aimerai bien lire des gens moins "bons" comme moi, qui sont sûrement pleins de doutes et de questionnements, ce serait cool.