Thierry Carpentier
par Bruno Ricard


Tu as été le dernier président en exercice de l’AFSTG avant le changement du bureau. Un petit bilan à froid, un an après ton passage de flambeau ?

Quand nous avons décidé avec Jo Ruffier de monter cette association, il faut savoir qu’il n’y avait rien en France. Internet n’était pas encore disponible, ou démarrait à peine, l’information ne circulait pas. Notre idée première était d’organiser un festival annuel qui permettrait la rencontre, l’échange, l’information auprès du public intéressé, mais aussi entre joueurs de Sticks.
L’information a circulé, péniblement, la lettre d’information, ainsi que les rares colonnes que nous avons réussi à avoir dans les fanzines grâce à la complicité de Thierry Bedoucha étaient apprises par coeur par des stickistes qui se sentaient bien seuls.
C’est après un festival désastreux que nous avions organisé que j’ai volontairement décidé de laisser l’association couver sous la cendre. Le nom était là, les actions que nous avions faites étaient connues, mais je sentais qu’il fallait attendre.
Puis Internet s’est démocratisé, l’info s’est mise à circuler rapidement, des synapses se sont créées entre des joueurs de Stick, et je n’ai pas tarder à comprendre que le courant passait. C’est ainsi que l’année dernière, j’ai pensé que le moment était venu de passer le flambeau : l’enthousiasme était là, la volonté de faire des choses, et surtout un sentiment de fraternité. Le relais a été bien pris, j’ai le sentiment qu’une équipe solide et amicale a pris les choses en main, et c’est bien ainsi.

L’année dernière, tu étais présent au festival d’Allaire. Qu’en as-tu pensé ?

J’ai passé des moments supers. Je peux citer la qualité de l’accueil, la gentillesse omniprésente, la compétence tranquille de toutes les équipes techniques. Et puis sur scène, ça déménageait !. J’ai beaucoup aimé l’idée de faire venir Preston Reed, qui a fait une prestation extra.
_C’était une très bonne idée de programmation. Surprise garantie et qualité rare. Enfin, j’étais très heureux de retrouver des tas de gens que j’aime bien, dont
André , et l’ami Youenn.

Et comment se retrouve-t-on en ouverture de Greg Howard ?

J’espère en tout cas que je ne me retrouverai pas en mille morceaux !
Plus sérieusement, c’est une joie de rencontrer Greg, il fait partie des légendes du Stick, et qui plus est, un proche d’Emmett qui contribue à l’amélioration de l’instrument.

A ce propos, l’année dernière, tu nous disais vouloir un peu changer de style de jeu, et te rapprocher d’une direction à la Bob Culbertson. Alors, qu’en est il aujourd’hui ?

En fait, c’est lors d’un master-class à Paris avec Bob organisé par Yannick Lepetit, que j’ai eu un déclic. Plus exactement le lendemain, quand j’ai étudié le petit book qu’il nous avait donné. J’essayais depuis quelques années sans succès d’alléger mon jeu, et de le rationaliser pour pouvoir développer l’improvisation. Je m’explique, avec un bloc accordé en quintes et un autre en quartes, il n’est pas toujours évident d’improviser : on a pas le temps de savoir ou on met les doigts ! ils doivent deviner le chemin !
Mon but est que ma main gauche se comporte comme la main droite, doigtés parallèles, ce que j’avais appelé à une époque le "plain Stick". Grâce à Bob, j’ai bâti tout mon jeu actuel sur la base d’un petit exercice de deux mesures, qui m’a donné la clé dont j’avais besoin pour progresser.
Je lui en suis très reconnaissant, Merci Bob !, si tu m’entends !

Avec quelle formule viens tu jouer à Allaire ?

Je dirais un trio d’influences gulfstream : caraïbes, nouvelles-orleans, musiques du sud des Etats Unis.

Quels seront les musiciens qui t’accompagneront ? Que nous prépares-tu pour ce concert ?

Il y aura Alain Raman à la basse, et David Gore à la batterie. Ce sont des magiciens du rythme. La musique que nous jouerons sera le fruit de l’évolution fulgurante que j¹ai connu cette année, mais je n’oublie pas d’où je viens et je ne pourrais pas résister à la tentation de pousser une petite chanson et de vous faire une petite surprise.

Quels sont tes projets pour les mois à venir ?

J’ai un premier CD qui va sortir courant septembre. Je vais être bien occupé à le promouvoir, trouver un label, une distribution, des concerts, etc... Il faut aussi que je consacre du temps à multiplier les expériences avec d’autres musiciens pour roder ma nouvelle technique de jeu : on ne conduit pas une Ferrari comme une deux-chevaux !

Tu as édité il y a quelques années une méthode pédagogique. Es tu encore impliqué dans des actions pédagogiques au Stick ?

On peut trouver sur mon site gratuitement l’adaptation de la méthode que j’avais éditée. Je réfléchis actuellement à un nouveau concept de cours, mais c’est actuellement si embryonnaire qu’il serait vain d’en parler. Sachez tout de même que j’y pense sérieusement !

Tu as joué cet hiver dans un caf-conc’ à Paris où un certain nombre de membres de l’AFSTG étaient présents. Comment s’est passée cette date ?

Mémorable ! C’était un bonheur fou, les gens étaient complètement lâchés, c’était la fête, c’était ce que j’aime. Avec David à la batterie, on ne peut pas rester peinard, il faut donner tout ce qu’on a, car lui ne se ménage pas. Avec tous les stickistes présents ce soir-là, c’était comme un avant-goût du festival d’Allaire ! rhum arrangé en plus ...

Parlons matos : avec quoi vas tu venir jouer à Allaire ?

Bonne question, je suis très minimaliste dans le matos. Je pense venir avec le préamp proposé par Chapman. Si je ne l’ai pas reçu d’ici le festival, ma petite boîte magique Pandora de chez Korg fera l’affaire. Tu sais, mon stick est un peu comme un vieux cheval, il a ses lubies, et j’aime bien le pandora malgré son souffle, car je peux m’accorder facilement.

Quelles sont tes sources d’inspiration en tant que musicien ?

Mes sources d’inspiration, ... Voyons, ... La question est vaste ... Musicalement, je citerai Jaco Pastorius et Pat Metheny, Mario Canonge, Henry Salvador, le sublime Keith Jarrett, et enfin John Coltrane. Par ailleurs, j’aime beaucoup lire des poèmes, j’en lis toujours deux ou trois par jour, et ça c’est de la faute à Rimbaud. J’ai aussi une fascination pour la peinture et la sculpture, j’adore Matisse, Degas, Botero et Gauguin. Enfin dernière source d’inspiration, les jolies femmes, mais bon, ... Ça reste entre nous !

Une dernière petite précision, un message à passer ?

Hé les copains !, attention ! j’arrive !

Merci encore à toi