Oxygene 8 en France
Veni, vidi... vici ?
par Bruno Ricard

Apprenant la venue en France très prochainement de Linda Cushma et Guillermo Cides, partenaires dans Oxygene8, j’ai donc repris mon crayon et ma gomme pour poser ma batterie de questions habituelles. Les résultats sont dans cette interview fleuve... J’ai fait mon possible en ce qui concerne la traduction maison (j’avoue avoir eu un peu de mal à comprendre ce que voulais parfois dire Guillermo, aussi, ses réponses peuvent paraitre quelquefois absconses ou empreintes de... mysticisme)

Par contre, je n’ai pas pu m’empêcher de poser en toute fin de l’interview la question qui tue, que je dédicace à notre Mac de président, à la mémoire de ces nuits mémorables passées ensemble ;-) (comprenne qui pourra)

Petite présentation…

Tout d’abord, certains d’entre nous ne vous connaissent pas ou peu. Linda, quel est ton parcours musical ?

J’ai eu un parcours marrant. Dans mon tout premier groupe, je jouais de la batterie. Mon kit était dans un état épouvantable, mais j’aimais ça et ça le faisait bien dans le groupe de musique expérimentale que j’avais alors. Les répétitions avaient lieu dans une toute petite chambre à l’arrière d’une vieille maison près de l’université où j’étudiais. Nous n’avions pas de sono, du coup, nous écrivions pas mal de musique instrumentale avec des signatures vraiment étranges et des interludes aussi bien musicaux que non-musicaux (rires) ! Nous devions attendre que tous les occupants de la maison partent avant de pouvoir commencer à jouer et nous jouions jusqu’à que les occupants reviennent. La batterie sonnait bizarrement, et produisait des sons vraiment étranges, mais c’était un super kit de batterie. Le truc marrant, c’est que cette batterie avait été utilisée dans le film « Drum Crazy – The Gene Krupa Story ». Gene Krupa joue sur cette batterie dans la bande originale du film (et Sal Mineo, l’acteur qui joue Gene Krupa, l’utilise dans le film). Je n’ai plus cette batterie, car elle a été endommagée dans l’inondation d’un sous-sol d’une vieille maison où elle était entreposée !

J’aimais également jouer de la basse mais je n’ai pas eu le temps de devenir une bonne bassiste avant de commencer à jouer en groupe. Je vivais dans un milieu d’artistes et de musiciens. L’un de mes voisins avait perdu son bassiste et avait rapidement besoin d’un remplaçant pour un concert. Il m’a alors demandé si je pouvais lui filer un coup de main. Ma basse était à l’époque une Fender rouge short-scale que j’aimais beaucoup. Le groupe était un truc de heavy-metal et mon premier concert avec eux a eu lieu sur un ring de catch, dans une salle située dans les bas-fonds de la ville (rires). Ils m’ont alors dit de porter des pantalons « moules-bites », des longues bottes en cuir et de ne pas sourire ! Je ne suis pas restée dans ce groupe très longtemps.
Quand j’ai commencé à composer ma propre musique, j’ai beaucoup utilisé une guitare acoustique. Je fais encore quelques concerts avec cette formule, mais j’aime l’électricité, les effets, et l’énergie des autres musiciens partageant la scène avec moi.
Mais je n’ai pas de formation musicale théorique. J’aime juste jouer !

Oxygene 8...

Guillermo, je crois que tu as définitivement rejoint Oxygene 8. Comment cela est-il arrivé ? Et jusqu’à aujourd’hui, combien de concerts as-tu assurés avec le groupe ?

Et bien, j’avais déjà rejoint mon amie Linda Cushma sur différents projets, parfois dans le cadre d’Oxygene 8, parfois pour un projet personnel. J’essaie de jouer à chaque fois sur ses propres projets, mais quelquefois nos activités respectives à un moment donné nous empêchent de jouer ensemble.
J’aime être son invité. Nous avons achevé une tournée de 22 dates en duo, en Argentine. Cela a été une très bonne expérience pour tous les deux et les gens ont beaucoup apprécié son jeu et sa voix.

Linda, quels sont les musiciens avec lesquels tu joues dans ce groupe ?

Je suis accompagné de Kiko King de Mexico à la batterie, des guitaristes Claudio Cordero (Chili) et Federico Miranda (Costa Rica) et bien sûr de Guillermo Cides. Je suis extrêmement honorée de partager la scène avec ces musiciens hors pairs. Oxygene8 a été invité en France pour jouer au Prog’Sud Festival 2007 et j’en suis très heureuse.

Avec Oxygene8 ou avec vos autres projets, quel type de scènes faites vous ? Et quelles sont vos préférences ?

Guillermo : Je ne fais pas exclusivement des festivals de progressif. Je joue également dans des festivals de jazz ou de musique new-age. Cela dépend du projet avec lequel je travaille. Avec mon nouveau trio Electrik Consort (Hurdy Gurdy, Stick et percussions ethniques), nous jouons dans différents festivals, mais pas seulement progressifs (sauf la tournée que nous avons faite en ouverture du California Guitar Trio en Espagne). Quand je présente mes performances solos, je joue dans des festivals progressifs, mais pas seulement. Peut-être ai-je des similitudes avec la scène progressive ou un « style progressif » après avoir joué avec des grands noms de la scène comme Fish, Emmerson, Like & Palmer, Roger Hodgson ou Rick Wakeman. J’ai trouvé là pas mal de nouveaux adeptes pour ma musique.
De toute façon, j’aime me produire sur scène n’importe où. Le truc le plus dingue que j’ai pu faire a été de jouer dans un club metal devant un parterre de punks ! Ils ont réellement apprécié ma prestation et je pense que le Stick est un instrument suffisamment peu conventionnel pour appeler l’attention des gens.

Linda : Nous jouons quand même plutôt dans des festivals ou des petits théâtres, mais j’aime bien jouer dans de petits clubs. Je préfère être proche du public, quel que soit le lieu. L’intimité et la connexion avec le public est quelque chose de très important pour moi.

Avez-vous d’autres dates en Europe avant ou après le festival ProgSud ?

Oui, et je te remercie de me le demander. Le 12 mai 2007, nous ferons un concert au Théâtre Montansier à Versailles, avec le groupe After Crying. Si vous voulez plus d’informations sur ce concert, visitez ce site : www.fantastiques-musiques.com

Vos autres projets…

Parlez-moi de votre projet commun, CCA, et de vos autres projets respectifs…

Guillermo : Nous venons de terminer l’album. C’est un projet spécial, enregistré via Internet, entre Linda, Tim Alexander (batteur de Primus) et moi-même. Nous avons des artistes invités tels que Tony Levin, Trey Gunn, Steve Parrish et d’autres. Nous espérons sortir ce disque cette année.
Avec Electrik Consort, nous effectuons des concerts dans le coin. Sinon, nous avons réalisé une compilation en cd de 22 joueurs de Stick. C’est un moment historique pour moi car j’ai pu enregistrer avec Emmett Chapman pour la première fois, l’inventeur du Stick ! Il n’a pas fait beaucoup d’enregistrements hormis son album Parallel Galaxy, aussi je considère cet enregistrement comme un moment important dans l’histoire du Stick.

Linda : CCA (pour Cushma/Cides/Alexander) est un enregistrement prêt à être édité. Le procédé fut incroyable à plus d’un titre. Faire des aller-retours de fichiers sons à travers le monde, entre les USA, l’Espagne, l’Argentine, le Costa Rica fut une expérience étonnante pour moi et je suis très fier du résultat ! Guillermo est en train de créer un dossier promo et nous espérons susciter l’intérêt d’une maison de disques. Nous avons enregistré cet album tous ensemble, avec des invités dont Trey Gunn et Joe Mendelson de Quodia, Gayle Ellett de Djam Karet et bien sûr ce cher Tony Levin (rires) !
Ezoo est un autre projet me concernant. Il s’agit d’un groupe de rock progressif avec de bons amis de Mexico : Kiko King (batterie), Carlos Humaran (guitare) et Flavio Miranda (basse). Notre tout premier CD est actuellement en cours de pressage et nous jouerons au Baja Prog Festival 2007 à Mexicali, Mexico. J’ai également pas mal d’autres projets avec l’incroyable Guillermo Cides. Je suis très honorée de prendre part à ces différents projets et j’apprécie énormément la collaboration avec ces artistes tous extrêmement talentueux et les amitiés ainsi nées.

En ce qui concerne le groupe Ezoo, comment as-tu rencontré ces musiciens et réussi à monter ce groupe ? As-tu des projets de tournée avec ce groupe ?

J’ai rencontré les membres de EZOO à Mexicali, Mexico. Ils sont très sympas et je suis extrêmement honorée d’avoir la chance de jouer avec eux. Oxygene8 avait joué au Baja Prog Festival en 2004, qui se tenait à Mexicali et ce fut la première fois que j’entendais le groupe Cast. J’ai été très impressionnée par leur grande musicalité. Le batteur, Kiko King, me rappelait beaucoup Tim Alexander plus jeune. Il a un talent naturel brut que j’aime beaucoup. L’année suivante, en 2005, je suis retourné à Mexico pour assister au Baja Prog Festival et j’ai de nouveau rencontré Kiko. Il m’a alors invité à jammer et grâce à lui, j’ai rencontré le guitariste Carlos Humaran et le bassiste Flavio Miranda. Nous nous sommes fixés un jour pour jouer ensemble, et je suis parti d’Arizona jusqu’à Mexico avec tout mon équipement et pas mal de fringues et de chaussures. Et je ne suis jamais réellement repartie de là (rires) ! C’était tellement sympa de jouer avec eux et les choses sonnaient si bien que c’est ainsi qu’Ezoo fut créé.
Ezzo jouera à Mexico pour l’édition 2007 du Baja Prog Festival (le 23 mars prochain), puis nous aurons un concert au Club Red à Tempe (Arizona) le 31 mars suivant. Nous discutons également de retourner au Costa Rica et de tourner en Amérique du Sud et en Europe en 2007.

J’ai vu que vous aviez tourné ensemble cet hiver en Amérique du Sud ? Comment était-ce ? Qu’avez vous joué ensemble ?

Linda : Nous avons joué des choses que nous avons composées et répétées ensemble quand j’étais à Barcelone, ainsi que quelques titres de l’album CCA. Nous avons joué un tango à deux Sticks, quelques improvisations basées sur des boucles de Stick assurées par Guillermo et des boucles de voix que j’assurais, ainsi que quelques parties de chant ou de percussions sur quelques titres. Guillermo m’inspire et me pousse à expérimenter avec mes vocaux quand nous jouons ensemble, et il me donne l’occasion de jouer des percussions , ce que j’aime beaucoup. Je faisais un peu de batterie également quand il y avait un kit disponible. Imagine-toi en train de jouer Kashmir de Led Zeppelin à la batterie derrière le maestro Guillermo Cides ! Je regardais ses moindres mouvements et écoutais ses moindres notes pour ne pas me faire larguer. C’était une sacrée responsabilité ! On ne joue pas avec quelqu’un de la trempe de Guillermo en pensant que ça va le faire tout seul ! Je devais réellement faire attention et d’ailleurs, il se foutait de ma gueule car j’avais les yeux qui sortaient de la tête ! Je pense qu’être batteur est une incroyable responsabilité, et c’est pourquoi je les aime tant ! Les batteurs sont en quelque sorte les conducteurs du bus, les cœurs des groupes !

Guillermo, aurons nous la chance d’entendre une nouvelle fois parler du Stick trio ou ce projet est il abandonné (je serais personnellement curieux d’entendre cela…) ?

Tous les enregistrements sont disponibles sur www.stickcenter.com. Je ne sais pas quand sera réactivé le Stick Trio car chacun de nous travaille simultanément sur d’autres projets.

Linda, j’ai vu que tu étais également actrice, en plus d’être musicienne. As-tu d’autres centres d’intérêt artistiques et penses tu qu’il existe une sorte de fil rouge liant tous ces domaines artistiques entre eux ?

Oui à toutes ces questions ! Je suis signée avec l’agence Ford Robert Black ici aux USA et je fais des films, des publicités et des brochures. Cette agence est vraiment bien, elle me laisse du temps libre pour faire ma musique. J’ai également une formation de danseuse et j’ai d’ailleurs été une danseuse et chorégraphe pour plusieurs compagnies à travers les années. Je me consacre également à la peinture et la photographie. Et, oui, j’ai le sentiment que tout et tout le monde est d’une certaine manière connecté et aide chacun à créer et définir sa propre existence. J’ai toujours eu la chance d’être entourée par beaucoup d’artistes et de personnes que j’admire. C’est une très belle chose que d’avoir autour de soi des personnes qui te soutiennent et prennent suffisamment soin de toi pour être un témoin de ma propre vie, et je ne considère pas cet état de fait comme acquis… (NDR : et notre Linda de partir dans un tel délire que je vous laisse le soin de traduire par vous-même…) « I found this to be an incredible insight that was presented in the film, “Shall We Dance ?” (2004) with Richard Gere, Jennifer Lopez and Susan Sarandon …….hahaha !! A total non-sequitor, but thought about that movie because Guillermo and I watched it while traveling on tour in South America. That’s a whole different story ! Hahaha !!!! The “Guillermo and Linda trying to watch a movie together while traveling on a tour bus” story !! haha ! »

Et toi Guillermo ? A côté de ta carrière de musicien, as-tu d’autres intérêts artistiques ?

J’essaie d’être plus un créatif qu’un musicien. Je cherche perpétuellement des idées pour tout. j’ai développé le Stick Center en ce sens, une sorte d’association virtuelle, le Stick Trio, le Stick Ensemble qui joue autour du public et non sur une scène, Electrik Consort, une réunion d’instruments inusuels, le Stick Camp, une réunion de joueurs à la campagne et bien d’autres idées en relation avec les livres et la musique. Je pense qu’un bon moyen est de se poser un problème et si ce problème est d’ordre musical, alors la solution doit être d’ordre musical. Quelquefois, la musique semble être une solution utile pour les autres.

Le Chapman Stick

Tiens, une question originale… Comment avez-vous découvert cet instrument ?

Guillermo : Et bien, une réponse originale : je ne finis pas de découvrir le Stick ! Pas seulement les notes, mais aussi la façon de le jouer. Quand j’ai enregistré “Bach Tribute by Cides”, je n’avais jamais entendu un disque similaire comme celui-ci. J’ai alors commencé à enregistrer Contrapunctus ou les concerts de Brandenburg avec le Stick en essayant de trouver une relation sonore et technique avec les instruments de la musique classique. Ce que j’ai joué a été aussi une découverte pour moi. J’ai également joué mon Stick avec un archet, ou en utilisant juste 6 cordes au lieu de 10. Le Stick m’étonne toujours par l’étendue de son adaptabilité.

Linda : C’est plutôt le Stick qui m’a découverte (rires) ! Je pense que cet instrument n’est pas le bon pour tout le monde. Mais tu peux immédiatement savoir si c’est le bon pour toi ou non. Je jouais alors dans un groupe qui s’appelait The Brides dans un bar, le Hollywood Alley (Arizona) un soir et nous ouvrions pour le groupe Laundry (un projet de Tim Alexander). Le joueur de Stick, fantastique au passage, Ian Varriale, m’a vu jouer de la basse comme d’une percussion. J’appelais cette technique la « reclining bass », je plaçais la basse à plat sur un stand spécial que j’avais conçu à cet effet et je la jouais à la manière d’un clavier ou d’une guitare slide, en tappant dessus pour créer des sons percussifs, mélodiques ou psychédéliques (rires). Ian vint me parler après le concert à propos de mon jeu en m’assurant que j’aimerais probablement jouer du Stick Chapman. Il me proposa alors de me louer un Stick Chapman qu’il avait pour voir si j’aimais ce type d’instrument. Et oui, j’ai finalement vendu ma basse pour acheter le Chapman Stick que je possède encore aujourd’hui. Merci, Ian !

Quels sont, d’après vous, les avantages et inconvénients de cet instrument ?

Guillermo : Je pense que l’avantage, c’est que le Stick donne aux gens un idiome plus qu’un instrument futile. Les choses futiles ont une durée de vie courte, alors que les idiomes persistent à travers le temps. L’inconvénient, c’est que tout le monde te regarde. Ça peut être un problème si tu veux rester dans l’ombre sur une scène.

Linda : Le Stick convient tellement à mon approche percussive de la musique, et offre tant de possibilités pour être aventureuse, curieuse, expérimentale, mais aussi mélodique et sophistiquée. Je ne parviens pas à en saisir les inconvénients, mais à certains moments, surtout après avoir écouté certains très bons joueurs, je ressens le besoin d’avoir des connaissances plus approfondies en matière de théorie et d’harmonie avec lesquelles je pourrais approcher le Stick. Parfois, je me sens un peu intimidée par l’énorme potentiel de cet instrument et je me demande si j’approcherai un jour le cœur même de sa nature avec mon style de jeu. Mais en tout cas, ça ne m’empêche pas de jouer (rires) !

Quelles sont vos influences respectives, non seulement comme joueurs de Stick, mais aussi, plus généralement, comme musiciens ?

Guillermo : Je n’ai jamais pu répondre à cette question. En tant que personne curieuse, j’ai toujours été attiré par la musique en général. J’aime le rock, le classique, le reggae, le thrash, le tango, le new-age... Dès que j’écoute de la musique, j’essaie d’imaginer ce que l’interprète a essayé d’exprimer et pourquoi. Je me considère comme un sociologue de la musique quand j’en écoute. C’est aussi un bon moyen pour savoir ce que je veux dire avec ma propre musique et pourquoi.

Linda : Je dois t’avouer que j’ai toujours aimé expérimenter avec n’importe quel instrument que j’ai pu avoir entre les mains. J’ai toujours été influencée par des musiciens un peu « off-beat » : Jaco Pastorius était si fichtrement « beau » ; depuis la première fois que j’ai entendu le « piano préparé » de John Cage, j’expérimente avec tout un tas d’objets que j’utilise sur les cordes de mes guitare, basse ou Stick quand j’enregistre. J’ai ainsi une titre de « Stick préparé » sur disque dur, ainsi qu’une autre pièce préparée pour basse que j’ai enregistrée pour un autre album avec Tim Alexander. Mais j’écoute aussi la musique sophistiquée de Peter Gabriel ou de King Crimson, ou encore les voix et la sensibilité de certains chanteurs de jazz ou de R’n’B, et j’apprécie énormément la beauté d’une mélodie particulièrement bien interprétée ou composée, qu’elle soit simple ou complexe. Très souvent, les influences et l’inspiration n’ont pas nécessairement une origine musicale mais sont plus le fruit des expériences personnelles.

Linda, as-tu eu des problèmes pour apprendre à jouer et chanter simultanément ? As-tu des astuces pour les musiciens qui rencontrent des problèmes à ce niveau-là ?

Je suis très à l’aise quand il s’agit de faire des parties de chants très rythmiques ou parlées, mais pour les titres les plus mélodiques qui demandent plus d’attention au niveau vocal, j’ai le sentiment que j’ai encore des faiblesses. On m’a donné certaines astuces que je te donne.
La première, c’est de travailler avec des retours au casque . Je trouve ceci vraiment pratique pour chanter et jouer en même temps, ainsi j’ai mon propre mix dans les oreilles et je peux entendre les notes que je chante avec beaucoup plus de clarté. Si tu décides de jouer avec un système de retour classique, il faut faire attention à la qualité de tes protections auditives.

Une autre astuce est d’utiliser des bandes sur scène. Ainsi, la pulsation et certains instruments sont en permanence derrière moi. Un soir, à Madrid, au club le Sirocco, nous avons joué avec un groupe terrible, Psicotropia. Aux répétitions, je galérais à jouer la ligne de basse et en chantant de manière très mélodique un titre intitulé “Close Your Eyes”, tiré du nouvel album. J’ai alors utilisé une bande avec la ligne de basse enregistrée et chanté alors que les autres jouaient leurs parties respectives sur scène. Ce titre avait été enregistré par Tony Levin et il était difficile pour moi de chanter et de rejouer ses parties. Ce soir-là, j’ai passé la piste enregistrée par Tony Levin en studio. Du coup, j’ai chanté avec Tony Levin ce soir-là (rires) !

Une question pour les fans d’effets… Quels sont vos configurations matérielles ?

Guillermo : J’utilise des effets simples. Je n’ai jamais eu beaucoup d’argent, j’essaie donc de tirer le meilleur d’un matériel bon marché. Ainsi, j’utilise encore une table analogique et de vieilles pédales et racks d’effets (table Tascam, distorsion ProCo Rat, Quadraverb, pédale Whammy, etc…). Je joue également avec des loopers.

Un jour, j’ai joué devant le staff de King Crimson, au cours d’un dîner pour lequel l’organisateur m’avait invité à jouer. Quand j’en ai eu terminé de ma performance, leur ingénieur du son est venu me demander si j’utilisais des bandes pré-enregistrées. Avec le Stick, ce genre de remarques arrive souvent : les gens croient qu’une autre personne joue avec vous !

Linda : j’utilise un ampli basse CARVIN Red-Line Series, un système Roland GR-33 avec un capteur GK-3 modifié pour le Stick, un looper Electrix Repeater, une table Behringer Eurorack MX 602A, un micro Shure SM 58, et un retour Shure PSM. Tous mes réglages et réparations sont faites par Emmett Chapman en personne.

Avez-vous, l’un et l’autre, une idée de la direction que prendra vos prochains albums respectifs ?

Guillermo : Non, je n’en ai aucune idée, mais je considère le Cushma/Cides/Alexander comme mon propre prochain album.

Linda : Oui, je suis continuellement en train de travailler sur de nouveaux morceaux, et mon prochain CD est déjà en cours de préparation. Il y aura un peu plus de titres instrumentaux et les compositions seront plus ambiancées et introspectives. Je considère l’album Freak of Chance comme un album de transition vers une prochaine période de liberté musicale et d’expérimentation.

L’interview Coconuts

Quelle est la question que vous souhaiteriez que l’on vous pose (et tant que vous y êtes, répondez-y !) ?

Guillermo : Et bien, cette question pourrait être « qu’aimerais-tu être si tu n’étais pas la personne que tu es actuellement ? » C’est une question que nous tous, musiciens, nous posons. Nous imaginons des tas de futurs pour nous, mais seulement un sera le bon. J’y réponds en pensant qu’un jour, j’ai eu une option à choisir par rapport à une autre et j’ai choisi ma vie actuelle. Mais j’aime imaginer avoir choisi l’autre option. J’imagine alors qu’il y a quelque part un autre Guillermo Cides docteur ou cusinier.

Quels sont vos derniers coups de cœur musicaux ?

Guillermo : Je continue de découvrir J.S. Bach… Son approche de la musique par les nombres est incroyable.

Linda : Pour 2006, je retiendrai Lazuli (France), Psicotropia (Espagne), Il Castello Di Atlante (Italie), Los Mismos (Chili), Dirseus (Argentine), Espiritu Savaje (Argentine), The Tony Levin Band et le California Guitar Trio (USA).

Et vos coups de gueule extra-musicaux pour 2006 ?

Guillermo (NDR : je vous retranscrit telle quelle sa réponse, n’arrivant pas à traduire) :
I am always annoyed for the limited availability of people for to be happy. It seem to be there is a lot of effort in to find a status and name before to find a reason for the life. As a musician, I received this feeling some time and it is difficult to manage. Musicians must to ask our self why we play music and the answer is not only in relation we us, but also in relation with other people and theirs happiness.

Linda : (rires) C’est une toute autre interview.. Combien de temps as-tu ? (rires)

Si vous étiez une gamme… ?

NDR : Guillermo ne semble pas avoir compris la question…

Linda : Mixolydien… J’aime la sonorité du mot quand tu le hurles. Mais maintenant, je dois vite aller sur Google voir ce que c’est (rires) !

Vous aimez les noix de coco ?

Guillermo : Oui, car ça me fait penser à quelqu’un en train de boire après un naufrage sur une île inconnue, qui parvient à survivre et qui ensuite joue de la musique car c’est la seule chose qu’elle sait faire.

Et c’est sur ces bonnes paroles (!) (Mac, tu sais ce qu’il te reste à faire pour diffuser la parole sainte de la noix de coco... ;-)) que se conclue cette interview. Je remercie vivement Guillermo et Linda pour leur disponibilité et leur gentillesse, et rendez-vous bientôt aux concerts d’Oxygene 8 en France !

Thank you Bruno for your interesting in my music. Guillermo Cides.
Thank you, Bruno, and it has been my pleasure to speak with you. I will look forward to meeting you in May ! Ciao, Linda (NDR : ça, c’était mon quart d’heure de gloire ;-) )





Nos deux compères joueront au théâtre Montansier à Versailles le 12 mai 2007 puis au festival ProgSud le 19 mai.

Sinon, vous pouvez les retrouver sur le net : www.stickcenter.com et www.oxygene8.com

Enfin, des liens sont disponibles pour écouter Guillermo Cides dans ses oeuvres :
- El Mundo Interior de las Planetas
- Primitivo
- BWV1043
- El Mundo Habla Demasiado
- Los Dias Que Vendran
- Ritual
- Stay

Et une petite vidéo :
http://www.stickcenter.com/Cides/Vi...